HISTORIQUE
Il semble intéressant de retracer le chemin parcouru par Saint-Héand et sa plus ancienne association pendant un siècle et demi. Relisons l’historique rédigé par R.Piron, à l’occasion des 110 ans de L’Harmonie :
« Commune rurale, chef-lieu de canton, Saint-Héand avait une population de 3600 habitants dont la moitié était des cultivateurs. La population ouvrière était très importante. Si la passementerie occupait une trentaine d’ouvriers et la main d’œuvre féminine, l’industrie de l’arme de guerre était la plus importante : 400 ouvriers armuriers travaillaient à domicile. Deux commandants contrôleurs d’armes distribuaient et réceptionnaient journellement le travail à la recette de la Manufacture, rue des Terraux, ancienne école primaire de garçons » et , plus récemment , école de musique de Saint-Héand !
« C’est dans ce climat de labeur, de va-et-vient et de gaieté, car les ouvriers étaient volontiers espiègles et farceurs, que M.EBRARD Jean, maître armurier, réunit chez lui des amis et des jeunes gens désireux de faire de la musique. Il commença des cours de solfège, les résultats furent satisfaisants, il manquait les instruments. M.RAVEL de MALVAL, riche propriétaire, notable et maire de Saint-Héand, s’intéressa vivement à cette association, finança l’opération et, en 1862, fit don d’une bannière. La société prit le nom « Les Enfants de Saint-Héand » sous la direction de M.EBRARD.
Les succès furent rapides, de nouvelles recrues vinrent compléter la société qui se rendit à un premier concours à Lyon vers 1865. Hélas en 1867, un certain nombre de musiciens, dont M.Ebrard durent s’expatrier à Saint-Etienne lorsque la Manufacture d’armes regroupa ses ouvriers dans ses ateliers place Carnot.
Mais l’essor était donné, de jeunes recrues vinrent compléter la société, plusieurs firent leur service dans les musiques militaires et sous la direction de chefs réputés : Bidel, Ducouseau, Isnard… Ils reçurent une très bonne formation musicale. Bientôt les lauriers vinrent orner la bannière et sous la direction des chefs Lefebvre et Reynes, des 1er prix furent obtenus aux concours de Saint-Chamond en 1884-1893-1895, Saint-Etienne en 1891, Thiers en 1897, Roanne en 1913.
Pendant plus de 40 ans, la société fut toujours très remarquée mais vers 1906, à la suite d’un nouvel exode de population vers Saint-Etienne, il y eut un déclin jusqu’en 1910. A cette date, les frères Barrier , musiciens, vinrent habiter Saint-Héand et sous la direction de M.Chambe, la société reprit une nouvelle vigueur que la guerre de 1914 vint anéantir. Mais dès la fin des hostilités, la société se reforma et le jour de la signature de la Paix le 25 juin 1919, nos musiciens défilèrent dans les rues et animèrent les réjouissances populaires.
Sous la direction de chefs réputés et dévoués : MM.Vincent, Fontanes, Cizeron, Peillon, « Les Enfants de Saint-Héand » étaient de toutes les fêtes. La société obtenait des premiers prix au concours international de Vichy en 1925, participait à de nombreux festivals et organisait celui de Saint-Héand en 1936.
Une grande camaraderie et une réelle amitié régna toujours parmi les musiciens.
L’industrie de l’optique a ensuite remplacé artisans passementiers ou armuriers. Les Objectifs Angénieux , qui ont équipé les missions Appolo, ont porté très loin, par la qualité de leurs fabrications, le renom d Saint-Héand. »
Cet historique de 1971 se terminait ainsi : « Souhaitons pour l’avenir, que le bon esprit, l’entente, l’amitié, la camaraderie, le dévouement parfait soient la Clé d’Or de ceux qui sont encore les Enfants de Saint-Héand ».
Il semble bien que ce souhait ait été exhaussé. Malgré les fluctuations de population, L’Harmonie de Saint-Héand s’est maintenue en ouvrant ses portes aux musiciens d’autres communes proches. Dans les années 1970 / 1980, c’est avec l’association musicale de Planfoy, que les musiciens héandais répétaient, sous la direction de M.Piron. Il était secondé par M.Goujon et M.Barrier. Chaque année, un voyage était organisé afin de partager des moments de convivialité.
En 1991, M.Jodar fut recruté pour assurer la direction des répétitions et des concerts de l’Harmonie. En 1992, lors du jumelage de la ville avec Ingelfingen, les Harmonies française et allemande se sont jumelées aussi. Ce fut l’occasion d’organiser un nouveau voyage et de nombreux échanges, entre autres musicaux
C’est en 1995 que Syvain Heyte, alors jeune chef, prit la suite et fit de l’Harmonie de Saint-Héand, ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Des liens musicaux et amicaux se sont tissés avec l’Harmonie de Saint-Bonnet-Les-Oules, devenue « La Huitième Note ». Plusieurs concerts communs ont eu lieu. Celui de 2009 a même abouti à l’enregistrement d’un CD « Rencontres ». De nombreux musiciens jouent à présent dans les deux formations. Celles-ci se complètent lors des défilés, commémorations et autres cérémonies officielles mais chacune poursuit aussi son propre chemin, gardant ainsi son identité propre.
Les Enfants de Saint-Héand sont toujours là. Les jeunes élèves musiciens de l’Ecole de Musique constituent le vivier de l’Harmonie, son avenir. Lorsqu’ils se sentent prêts, ils intègrent la vénérable association musicale, font un bout de chemin avec ses musiciens, repartent pour leurs études et parfois reviennent, pour reprendre le flambeau.
Souhaitons que, grâce à eux et à ceux qui leur succèderont, grâce à leur amour de la musique, à la passion de leurs chefs et au dévouement des bénévoles qui s’en occupent, l’Harmonie vivent encore longtemps pour le plus grand plaisir des habitants de Saint Héand.